In-FINI-ti

Publié le 15 mai 2025 dans Blogue par Antoine Joubert

À Detroit, une poignée de chroniqueurs automobiles assistaient à la présentation de l’Infiniti QX60 2026. Les quelques convives avec qui j’ai pu m’entretenir ont tous ressenti la même chose : l’impression que la marque essaie de sauver les meubles, même si en vérité, il ne reste plus grand-chose...

Vous me trouverez peut-être sévère, mais je pense que Nissan, qui a déjà du mal à sortir la tête hors de l’eau, entende raison et ferme les livres. En multipliant les rabais, il s'est vendu à peine 58 000 Infiniti l’an dernier aux États-Unis, et tout juste 6 300 au Canada. Et puisque la marque n’existe désormais nulle part ailleurs dans le monde, les chances d’expansion sont inexistantes.

L’histoire avait pourtant bien débuté, rappelant celle de Lexus. Mais aujourd’hui, la division de luxe de Toyota vend partout à travers le monde et écoule en Amérique du Nord sept à huit fois plus de véhicules qu’Infiniti. D’ailleurs, l’an dernier, aux États-Unis, Lexus a connu la meilleure année de son histoire, alors qu’Infiniti traversait l’une des pires.

Quant au Canada, en 2024, Lexus y écoulait 50% plus d’unités de son seul modèle NX fabriqué au pays que le total des Infiniti. Et 2025 s’annonce encore pire pour Nissan... Pensons à la disparition de la vieillissante Q50, mais aussi des VUS QX50/55, lesquels auraient dû devenir (et de loin) les produits les plus vendus de la marque. Or, une mauvaise mise en marché, des défauts de fabrication et un choix mécanique peu convaincant ont eu raison du produit.

Photo: Nissan

Donc en 2026, chez Infiniti il ne restera que le QX60 et le nouveau QX65. Un QX60 à arrière tronqué, censé dynamiser l’image d’une marque qui ne veut plus rien dire. Un autre échec prévisible puisqu’il s’était déjà produit avec le QX55, reprenant la même formule. Considérant que le principe d’une erreur est de ne pas la répéter, pourrait-on nous expliquer ce que l’on n’a pas encore compris au sujet d’Infiniti?

Et puis, il y a ce nouveau QX80 2025 qui, honnêtement, constitue le produit le plus sérieux de la division. Solide, luxueux et bien construit, en plus d’être doté d’une mécanique plus convaincante. Or, avec une image de marque qui ne résonne pas dans la tête des acheteurs de véhicules de luxe, combien de gens seront prêts à débourser entre 111 000 $ et 134 000 $ pour son acquisition? D’autant plus que jusqu’au mois d’avril, on liquidait encore des modèles 2024 neufs à moins de 75 000 $...

Photo: Louis-Philippe Dubé

L’avenir

Au cours des dernières années, Infiniti nous a promis plusieurs nouveautés qui ne se sont pas concrétisées et qui n’arriveront probablement jamais... Plusieurs véhicules électrifiés, dont un devait être dérivé de l’Ariya, ainsi que la nouvelle berline dérivant du concept Qe. Hélas, rien de cela ne semble être sur le point d’arriver, les rumeurs ne se résumant qu’à une version endimanchée du Rogue qui pourrait débarquer dans deux ans.

Les concessionnaires sont à bout : la clientèle ne se renouvelle pas, les produits (pour ce qui reste) sont de moins en moins compétitifs et le support du fabricant bat de l’aile. Plusieurs dépositaires ont d’ailleurs décidé de lancer la serviette, sinon de jumeler les produits Infiniti dans le même espace que leur concession Nissan. Une avenue que le constructeur interdisait jadis à ses dépositaires, parce que l’on souhaitait justement prendre soin de l’image de marque. Ce qui, visiblement, n’a pas été fait.

L’élimination d’une marque n’est pas simple. Cela implique des redevances aux concessionnaires qui ont investi temps et argent, lesquels possèdent toutefois et pour la plupart des bannières Nissan. Également, l’obligation d’honorer des garanties, de rendre disponibles des pièces pour encore une décennie et de conserver des employés actifs, qui devront gérer diverses situations. Or, il y a peu de temps, un concessionnaire m’avouait à mots couverts qu’il préférerait que sa bâtisse soit vide, plutôt que remplie d’Infiniti qui ne bougent pas et qui se déprécient en valeur. « Je pourrais vendre la bâtisse et le terrain plus cher et plus rapidement, alors qu’à l’heure actuelle, c’est un boulet au pied », me confiait-il.

Photo: Infiniti

Infiniti faible ou Nissan fort?

Chez Nissan (la marque), les temps sont également difficiles. La concurrence est féroce, les ventes mondiales dégringolent et l’association ratée avec Honda n’a certainement pas aidé à rassurer les investisseurs. Cela dit, l’arrivée de produits comme la nouvelle Leaf, le Rogue PHEV et le Xterra pourrait permettre au manufacturier de se distinguer. De finalement rejoindre une clientèle en partie perdue, tout en renforçant l’image de marque. Encore une fois, un facteur trop souvent oublié dans l’industrie automobile et qui a couru à la perte de marques aussi prestigieuses que Chrysler, Jaguar, Lincoln, Saab, et plus encore.

En observant uniquement l’aspect produit, il suffirait de rapatrier le QX80 au sommet de la gamme Armada et d’éliminer le QX60 afin d’offrir plus d’options avec le Pathfinder, et le tour serait joué. Croyez-moi, rares sont ceux qui pleureraient la marque, dont le retour serait encore moins souhaitable que celui de Plymouth. On cesserait à moyen terme de perdre des sommes astronomiques pour la maintenir en vie, ayant ainsi plus de fonds pour s’occuper de Nissan, qui en a bien besoin.

À voir aussi : Le Guide de l'auto découvre l'Infiniti QX80 2025

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